À mesure que la population vieillit, la question du maintien de l’autonomie et de la qualité de vie des seniors devient centrale. En France, selon l’INSEE, près de 21 % de la population avait plus de 65 ans en 2022, et cette part est en constante augmentation. Les nouvelles technologies, et plus particulièrement les objets connectés, offrent des solutions concrètes pour accompagner ce vieillissement de manière proactive. Ces outils intelligents peuvent contribuer à renforcer l’indépendance des personnes âgées, améliorer leur confort quotidien, et rassurer leurs proches.
Pourquoi les objets connectés sont particulièrement utiles après 60 ans
Passé 60 ans, les besoins évoluent. Les enjeux de santé, de sécurité, d’autonomie et de lien social prennent de l’importance. Les objets connectés, en s’inscrivant dans une logique de prévention et d’assistance au quotidien, apportent une réponse technologique adaptée à ces nouveaux défis.
On parle ici de la domotique, des dispositifs de télésurveillance médicale, des montres connectées, ou encore des capteurs intelligents. Ces technologies ont l’avantage de se faire de plus en plus discrètes, faciles d’usage, et accessibles en termes de coût.
Les dispositifs connectés permettent également une transmission en temps réel des données aux professionnels ou aux aidants, favorisant une meilleure réactivité en cas de problème (chute, malaise, oubli de traitement, etc.).
Des outils pour une sécurité renforcée à domicile
Le domicile est l’endroit où les seniors passent le plus de temps. Toutefois, c’est aussi là que surviennent le plus d’accidents. Selon les chiffres de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), environ 450 000 chutes graves sont recensées chaque année chez les plus de 65 ans.
Pour prévenir ces risques, plusieurs objets connectés sont aujourd’hui disponibles :
- Les détecteurs de chutes : portés en pendentif, en montre ou intégrés dans des dispositifs domotiques, ces capteurs analysent les mouvements brusques et déclenchent une alerte en cas de chute suspectée.
- Les caméras de surveillance discrètes : elles permettent aux aidants de vérifier à distance que tout va bien, sans intrusion dans l’intimité.
- Les capteurs de mouvement : intégrés dans les pièces principales, ils peuvent alerter en cas d’absence de mouvement prolongée, suggérant un incident.
- Les serrures connectées : elles renforcent la sécurité tout en permettant à des intervenants autorisés (aide à domicile, secours) d’entrer facilement en cas d’urgence.
Suivi de la santé en temps réel et prévention des troubles
Le maintien à domicile des personnes âgées suppose un suivi santé régulier. Les objets connectés médicaux jouent ici un rôle fondamental. Grâce à eux, les constantes vitales peuvent être communiquées aux professionnels de santé et surveillées en continu :
- Les tensiomètres et glucomètres connectés permettent un suivi précis de pathologies chroniques telles que l’hypertension ou le diabète.
- Les montres connectées, telles que l’Apple Watch ou d’autres modèles Android compatibles, mesurent le rythme cardiaque, détectent l’arythmie et parfois même alertent en cas de fibrillation auriculaire.
- Les piluliers électroniques rappellent les prises de médicament avec une alarme sonore ou lumineuse et s’assurent que la dose prévue a bien été prise.
Depuis la loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement (source : Legifrance), les collectivités locales, les établissements médico-sociaux et les particuliers sont encouragés à investir dans des dispositifs de téléassistance. Cela témoigne d’une reconnaissance officielle de l’importance des technologies de santé à domicile.
Rompre l’isolement et renforcer le lien social
L’isolement social est un véritable fléau chez les personnes âgées. Le rapport 2021 de l’association Les Petits Frères des Pauvres estimait à environ 530 000 le nombre de seniors en situation de mort sociale, sans aucune interaction sociale régulière.
Les outils numériques peuvent contribuer à lutter contre cette solitude :
- Les tablettes simplifiées pour seniors (comme Ardoiz ou Facilotab) offrent une interface intuitive pour envoyer des messages, passer des appels vidéo ou consulter des photos.
- Les assistants vocaux (Alexa, Google Assistant) permettent d’écouter la radio, demander la météo, ou passer des appels de manière simple via la commande vocale.
- Des plateformes de visioconférence adaptées (avec icônes agrandies, procédure d’appel simplifiée) facilitent le lien avec les proches, même loin géographiquement.
L’enjeu ici est de démocratiser l’usage du numérique dans les classes d’âge les moins familières avec ces outils. Les formations au numérique, proposées par certaines mairies, associations ou caisses de retraite (CARSAT, CNAV), jouent un rôle central dans cette montée en compétences.
Faciliter les gestes du quotidien grâce à la domotique
Avec l’âge, certains gestes du quotidien deviennent plus compliqués à effectuer. Le recours à la domotique permet de réduire les contraintes physiques et d’adapter le logement aux capacités des seniors :
- L’éclairage automatique : les détecteurs de présence déclenchent la lumière dans les couloirs ou les sanitaires pour éviter les chutes nocturnes.
- La commande centralisée des volets, du chauffage ou des appareils ménagers : elle permet d’éviter les déplacements répétitifs grâce à une télécommande ou une application sur smartphone.
- Les réfrigérateurs ou fours connectés peuvent alerter en cas de dysfonctionnement ou d’oubli de fermeture de porte.
L’Agence nationale de l’habitat (Anah) propose des aides pour l’adaptation des logements à la perte d’autonomie dans le cadre de son programme « Habiter facile ». Ces subventions peuvent couvrir une partie des travaux et équipements, y compris certains dispositifs domotiques.
Une assurance et un financement en devenir pour les équipements innovants
Bien que les bénéfices des objets connectés soient avérés, leur financement peut représenter un obstacle. Toutes les mutuelles ne couvrent pas encore ces équipements. Toutefois, certains contrats de prévoyance ou de téléassistance les incluent partiellement.
Les caisses de retraite, comme la CNAV, MSA, ou RSI, peuvent aussi proposer des aides ponctuelles sous forme de kits domotiques subventionnés. Il peut être utile de se rapprocher d’un conseiller retraite ou d’un travailleur social pour identifier les options disponibles.
Le crédit d’impôt pour l’adaptation du logement (article 200 quater A du Code général des impôts) permet également de déduire 25 % des dépenses engagées pour les équipements visant à l’autonomie, dans la limite de 5 000 € pour une personne seule et 10 000 € pour un couple (sur une période de cinq années consécutives).
Enfin, intégrer ces dispositifs dès la conception d’un projet immobilier – notamment dans le cadre d’un investissement en viager occupé ou en résidence seniors – peut représenter une valeur ajoutée significative. En anticipant les besoins technologiques, on renforce la pérennité du logement et sa compatibilité avec le vieillissement sur place.
À l’heure d’une transition démographique majeure, les objets connectés s’imposent comme des alliés précieux pour favoriser un vieillissement actif, en toute sécurité et autonomie. Encourager leur adoption, former les utilisateurs et structurer des modèles de financement adaptés seront autant de leviers pour intégrer durablement ces technologies dans notre paysage social.