Pourquoi adapter son logement après 60 ans est essentiel
Le vieillissement de la population française transforme profondément les besoins d’aménagement des logements. À partir de 60 ans, de nombreuses personnes souhaitent rester chez elles le plus longtemps possible, en toute sécurité et dans les meilleures conditions. Pour cela, adapter son logement devient une étape clé. Il s’agit souvent d’installer une douche à l’italienne, d’élargir les portes pour le passage d’un fauteuil roulant, ou encore de poser des barres d’appui.
Or, ces travaux peuvent représenter un coût non négligeable. Heureusement, il existe plusieurs aides financières, souvent méconnues, pour alléger cette dépense. Ces dispositifs sont proposés par divers organismes publics et privés, et leur accès dépend de critères spécifiques d’âge, de ressources ou encore de la nature des travaux à effectuer.
L’aide de l’Agence nationale de l’habitat (Anah)
L’Anah propose une aide appelée « Habiter facile » destinée aux personnes âgées ou en situation de handicap. Cette aide vise à financer les travaux permettant de rendre un logement plus adapté et sécurisé.
Conditions d’éligibilité :
- Avoir plus de 60 ans avec une perte d’autonomie constatée (GIR 1 à 4 selon la grille AGGIR).
- Être propriétaire occupant d’un logement construit depuis plus de 15 ans.
- Avoir des ressources inférieures aux plafonds fixés chaque année par l’Anah (modestes ou très modestes).
Montant de l’aide : jusqu’à 50 % du montant total des travaux HT, avec un plafond pouvant aller jusqu’à 10 000 € pour les ménages très modestes.
Exemples de travaux financés :
- Installation d’une douche sécurisée à la place d’une baignoire.
- Création d’un monte-escalier.
- Modification des accès au logement.
Source : Article L321-1 et suivants du Code de la construction et de l’habitation ; fiche d’information officielle sur le site de l’ANAH
MaPrimeAdapt’ : le nouveau dispositif depuis janvier 2024
Lancée en janvier 2024, MaPrimeAdapt’ est un nouveau dispositif regroupant plusieurs aides précédentes, dont l’aide « Habiter facile » de l’Anah. Elle permet de simplifier les démarches et de rendre plus lisible l’offre de financement pour les seniors.
Public concerné :
- Les personnes de plus de 70 ans sans condition de perte d’autonomie.
- Les personnes entre 60 et 69 ans avec un niveau de perte d’autonomie reconnu (GIR 1 à 6).
- Les personnes handicapées quel que soit l’âge disposant d’un justificatif (carte mobilité inclusion, AAH, etc.).
Montant de l’aide : de 50 % à 70 % du coût des travaux, selon les ressources du demandeur.
Travaux éligibles : identiques à ceux précédemment pris en charge par l’Anah, à savoir :
- Suppression des obstacles (seuils de porte, rebords de douche).
- Amélioration de l’éclairage ou pose de détecteurs de mouvement.
- Installation de dispositifs de téléassistance ou logements connectés.
Source : Décret n° 2023-698 du 29 juillet 2023 relatif à MaPrimeAdapt’, Site officiel www.maprimeadapt.gouv.fr
L’aide de la Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail (Carsat)
La Carsat propose également une aide spécifique à destination des retraités du régime général : l’aide au maintien à domicile. Elle peut financer tout ou partie des travaux permettant de prévenir une perte d’autonomie.
Conditions :
- Être retraité du régime général de la Sécurité sociale.
- Ne pas percevoir l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie).
- Ne pas être hébergé dans un établissement médico-social.
Le montant de l’aide dépend de la situation du demandeur, de ses ressources et de la nature du projet. Elle peut inclure également un accompagnement d’un ergothérapeute et la mise en relation avec des artisans qualifiés. Le dossier est à déposer auprès du Centre régional de la Carsat ou sur le site de l’Assurance Retraite.
Source : Circulaire CNAV n°2019-33 du 18/11/2019 ; site www.lassuranceretraite.fr
Les aides des collectivités locales
De nombreuses régions, départements et communes proposent également des aides directes ou des subventions pour les travaux d’adaptation du logement. Ces aides varient fortement selon le territoire.
Par exemple :
- Le département de la Gironde propose une « Aide Autonomie Habitat » pouvant aller jusqu’à 4 000 €.
- La région Île-de-France participe parfois à hauteur de 30 % du coût des travaux pour les personnes âgées.
Il est essentiel de se renseigner directement auprès de votre mairie ou du Centre Local d’Information et de Coordination gérontologique (CLIC) pour connaître les dispositifs disponibles près de chez vous.
Les aides fiscales : crédit d’impôt pour travaux
En parallèle des aides publiques, il est également possible de bénéficier d’un crédit d’impôt pour l’adaptation du logement à la perte d’autonomie. Ce crédit d’impôt permet de récupérer jusqu’à 25 % des dépenses engagées dans une limite de 5 000 € pour une personne seule ou de 10 000 € pour un couple, sur une période de 5 années consécutives.
Travaux éligibles :
- Pose d’un lavabo adapté aux personnes à mobilité réduite.
- Installation d’un WC surélevé.
- Modifications pour faciliter le passage d’un fauteuil roulant.
Conditions : Être le propriétaire, le locataire ou occupant à titre gratuit et effectuer les travaux dans sa résidence principale en France. Le crédit d’impôt est ouvert à toutes les personnes, sans condition d’âge, dès lors que le logement est concerné par une situation de handicap ou de perte d’autonomie.
Source : Article 200 quater A du Code général des impôts (CGI)
Les aides des caisses de retraite complémentaires
En complément des dispositifs publics, certaines caisses de retraite complémentaire (Agirc-Arrco notamment) proposent des aides spécifiques pour financer les travaux d’adaptation du logement. Ces aides sont souvent sous forme de subventions selon le niveau de ressources et peuvent inclure un accompagnement personnalisé (ergothérapeute, service social, etc.).
Il convient de contacter sa caisse de retraite pour connaître les aides accessibles et les démarches à entreprendre.
Les aides des mutuelles et assurances
Enfin, plusieurs mutuelles ou compagnies d’assurances intègrent dans leurs contrats des services ou prestations pour contribuer au financement de petites adaptations (barres d’appui, modifications sanitaires). Certaines mutuelles santé ou prévoyance proposent également des packs « prévention senior » incluant une prime pour travaux sécuritaires.
Il est conseillé de relire attentivement son contrat ou d’interroger son conseiller pour vérifier si de telles prestations sont incluses dans la couverture santé ou dépendance.
Un accompagnement pour mieux s’y retrouver
Les démarches pour obtenir ces aides peuvent être complexes. C’est pourquoi certains acteurs proposent des services d’accompagnement, comme les CLIC, les Pôles Autonomie Territoriaux (PAT) ou encore les structures de l’économie sociale et solidaire spécialisées dans le maintien à domicile.
Certains professionnels de l’immobilier, spécialistes du viager ou de la silver économie, proposent également un audit logement afin de déterminer les besoins d’adaptation et d’orienter vers les bons financements.
Adapter son logement est un investissement pour le futur, et il est rassurant de savoir qu’un large éventail d’aides existe. Il suffit de connaître les bons interlocuteurs et de constituer un dossier solide pour bénéficier de ces soutiens.