Avec l’âge, le quotidien peut devenir plus calme, parfois trop. Pour de nombreuses personnes âgées, le lien affectif, la stimulation physique et le sentiment d’utilité que procure la compagnie d’un animal deviennent essentiels à l’équilibre de leur retraite. Accueillir un animal de compagnie pour un senior n’est pas un simple choix affectif : il s’agit également d’une décision lourde de sens, à la fois pour la santé physique, le moral, et même la sociabilité de la personne âgée. Cet article explore en profondeur les bénéfices des animaux pour les seniors tout en apportant des conseils pratiques pour un accompagnement réussi.
Les bienfaits physiques des animaux de compagnie chez les seniors
Les études scientifiques, notamment celles publiées par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et d’autres institutions médicales, démontrent clairement que les animaux peuvent jouer un rôle fondamental dans le maintien des capacités physiques des personnes âgées.
Les propriétaires de chiens, en particulier, sont plus enclins à adopter une routine de promenade régulière. Selon une étude menée par la American Heart Association, posséder un chien peut significativement augmenter l’exercice cardiovasculaire journalier, réduisant le risque d’hypertension, de diabète de type 2 ou de cholestérol élevé.
Les bienfaits physiques ne s’arrêtent pas là :
- Stimulation motrice : se pencher, caresser, nourrir ou jouer avec un animal entretient l’agilité articulaire et musculaire.
- Prévention de la sédentarité : posséder un animal incite à bouger même lors de journées moins dynamiques.
- Diminution du stress : la présence d’un animal régule la tension artérielle et les niveaux de cortisol, hormone liée au stress.
Un soutien affectif précieux pour les personnes âgées
L’animal de compagnie, qu’il s’agisse d’un chat, d’un chien, d’un oiseau ou même d’un petit rongeur, offre une présence constante. Cette relation modifie favorablement le bien-être émotionnel et affectif des seniors.
- Compagnie : un animal rompt la solitude, particulièrement pour les veufs, veuves ou personnes vivant loin de leur famille.
- Sentiment d’utilité : s’occuper d’un animal stimule la notion de responsabilité, un moteur essentiel à la conservation de l’estime de soi.
- Effet antidépresseur naturel : selon une étude de 2020 publiée dans la revue « Frontiers in Psychology », la présence d’un animal est associée à une diminution des symptômes dépressifs, même chez les personnes atteintes de troubles cognitifs légers.
La zoothérapie (ou thérapie assistée par l’animal), notamment en EHPAD ou en résidence seniors, est d’ailleurs de plus en plus répandue. Des programmes organisés par des professionnels de santé ou des structures spécialisées favorisent l’interaction entre résidents et animaux, avec des résultats très concluants sur l’humeur et l’anxiété.
Stimuler les capacités cognitives et la mémoire
Interagir régulièrement avec un animal peut également jouer un rôle de prévention contre le déclin cognitif. Certaines études, comme celle menée par l’Université de Rochester (États-Unis), révèlent que les seniors possédant un animal ont de meilleures performances cognitives que ceux vivant seuls sans compagnon à quatre pattes.
Certains mécanismes expliquent cela :
- Structuration de la journée : l’animal nécessite des soins réguliers (repas, promenades, jeux), ce qui aide à conserver une routine stable.
- Stimulation mentale permanente : la communication verbale et tactile avec l’animal mobilise des parties du cerveau peu sollicitées autrement.
- Engagement émotionnel : le lien créé avec un animal favorise l’ancrage cognitif et la mémoire affective.
Renforcer le lien social et prévenir l’isolement
Outre les bénéfices personnels, posséder un animal permet souvent de rester engagé dans un certain tissu social. Par exemple, sortir promener un chien est un vecteur de contact naturel avec le voisinage ou d’autres propriétaires. Dans les résidences autonomie ou les quartiers résidentiels, la présence d’un animal crée souvent des interactions spontanées et bienveillantes.
Pour les seniors vivant en ville, des structures associatives comme « Seniors et Compagnie », « Fondation 30 Millions d’Amis » ou les « SPA locales » encouragent également ces moments de convivialité autour des animaux.
Choisir le bon animal selon son profil et son cadre de vie
Avant d’adopter un animal de compagnie, plusieurs critères doivent être évalués, notamment :
- Le niveau d’autonomie du senior : les personnes à mobilité réduite opteront de préférence pour un chat ou un animal de petite taille.
- La durée de vie de l’animal : un oiseau (perruche, canari), par exemple, peut vivre entre 10 et 20 ans ; un chien jusqu’à 15 ans selon la race.
- Les coûts associés : alimentation, soins vétérinaires, toilettage peuvent représenter un budget de 40 à 100 € par mois.
- L’habitat : un appartement en étage peut limiter le choix à certains animaux plus adaptés comme le chat.
Il est également possible d’envisager une adoption auprès d’associations spécialisées qui proposent des animaux seniors, au tempérament plus calme, comme la Fondation Assistance aux Animaux ou Seconde Chance.
Conseils pour bien vivre avec un animal quand on est senior
Pour que cette cohabitation se fasse en harmonie, quelques recommandations s’imposent :
- Sécuriser l’environnement : éviter les dangers domestiques, placer les gamelles à hauteur facile, aménager un espace calme pour l’animal.
- Prévoir un plan d’hébergement en cas d’hospitalisation : faire appel à une association de garde ou à des voisins de confiance.
- Prévoir une assurance santé animale : pour éviter les coûts imprévus, certaines mutuelles proposent des packs seniors-animaux.
- Éviter l’isolement du binôme : participer à des groupes de discussions locaux ou à des balades en groupe avec d’autres maîtres seniors.
Des dispositifs publics accompagnent aujourd’hui ces problématiques. Par exemple, certaines collectivités prévoient des aides ponctuelles pour vétérinaire ou alimentation. Il est aussi possible de s’orienter vers des contrats de prévoyance (assurance obsèques avec disposition sur l’animal) assurant la transmission ou la prise en charge de l’animal en cas d’accident de la vie.
Un engagement réfléchi synonyme de qualité de vie
Bien vieillir ne signifie pas vivre seul. Dans le cadre d’un projet global d’accompagnement du vieillissement, de patrimoine ou de transition (comme le passage d’un domicile à une résidence services ou à un habitat partagé), la place d’un animal peut être centrale. Il a été démontré, à travers plusieurs programmes médicaux et sociologiques (comme ceux menés par l’IFOP en collaboration avec la Fondation Adrienne et Pierre Sommer), que les personnes âgées vivant avec des animaux présentent une meilleure qualité de vie perçue et une autonomie prolongée.
Penser à adopter un animal ne doit pas se faire sur un coup de cœur, mais intégrer une logique patrimoniale, affective et quotidienne. Des professionnels du bien vieillir (ergothérapeutes, psychologues gérontologues, experts en habitat) peuvent être consultés pour accompagner cette décision, particulièrement si la personne est déjà engagée dans un processus de vente en viager, de donation ou de sécurisation de son logement.
Enfin, rappelons que la législation permet aux locataires seniors d’avoir un animal domestique sous certaines conditions, selon l’article 10 de la loi n° 70-598 du 9 juillet 1970, aujourd’hui intégré à l’article 10 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989. Le bailleur ne peut s’opposer à la détention d’un animal de compagnie, à condition que celui-ci ne cause aucun dégât ou trouble de voisinage.
Envisager la retraite avec un compagnon à quatre pattes, c’est aussi miser sur une retraite active, sereine et chaleureuse.